Arrivée de Lillaka

Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'elle etait partie de son village. Elle avait fait un voyage particulierement instructif, mais maintenant elle voulait se poser, pouvoir s'installer, et avoir un peu d'intimité et de tranquilité. Un endroit ou elle pourrait revenir quand elle en aurait envie et besoin.
En arrivant a proximité de ces ruines,une etrange odeur s'etait faite sentir, une odeur que Lillaka connaissait et qu'elle aimait pour sa capacité a faire fuir la plupart des gens. La demi succube s'etait donc approchée, et avait decouvert une etendue plutot imposante jonchée de pierres, et autres debris. Elle s'immobilisa un instant, admira cet espace impregné de souvenirs, puis se promena un moment entre les vestiges de ce qui avait du etre des habitations, laissant ses mains effleurer la surface glacée des pierres, son esprit vagabondant librement..
Lillaka decida finalement de s'asseoir, adossée contre une tige en metal jaillissant hors du sol.

*je vais rester un peu ici, je m'y sens bien, et je vais attendre un peu, peut etre que quelqu'un passera par la, je pourrais me renseigner sur les lieux qu'il y a aux environs*

L’une des nombreuses lunes de Tenebra brillait d’un pourpre presque floral parmi les astres. Les doux murmures de la faune environnante laissaient entendre une délicate mélodie presque mortuaire. Seuls acteurs de ce théâtre nocturne : quelques ombres et plantes mises en mouvement par la fraîche brise de la nuit.

Un sombre bonhomme encapuchonné jusqu’au nez se déplaçait précautionneusement parmi la végétation luxuriante, s’appuyant sur une canne en os pour chacun de ses pas. Vêtu tout de noir, on distinguait à peine une armure sous son linceul. Le bas de son visage, était éclairé par la lumière lunaire : on y distinguait de fines lèvres courbées en un sourire, un menton, un nez et des joues qui n’avaient pas d’âge, et des mèches de cheveux blonds/blancs qui descendaient sur les épaules, les yeux restant sous l’ombre du voile.

On ne saurait donner un âge à de tels êtres, si emmitouflés dans leurs drapés qu’ils en étoufferaient. Il s’avançait à travers les ronces et approchait des ruines antiques desquelles se dégageait une odeur… mortelle. Les pierres lisses étaient disposées en débris comme après une tempête. Qui sait ce qui se trouvait ici il y a plusieurs centaines d’années ? Le temps avait bien œuvré et quelques beautés avaient pris possession des lieux : des plantes amères, noires, aux épines menaçantes, au parfum de mort, aux pétales veinés de souffrances. « Calladones ». Yugan en avait trouvées et étudiées quelques unes plusieurs semaines auparavant au même endroit, et leurs propriétés l’intéressait. Il en ramassa plusieurs bouquets qu’il mit avec délicatesse dans un sac de toile, quand il aperçut une jeune femme, seule. Tout en cueillant soigneusement avec son poignard et ses gants, il s’approcha lentement de la demoiselle sombre.

Elle ne paraissait pas menaçante, et bien jeune. Il ne devinait pas de quelle race elle était. Elle paraissait juste… humaine, voir vampirique dû à son teint très pâle. Il n’aperçut pas ses yeux ni ses lèvres de sa position, juste ses bras et ses mains aux ongles acérés. Une belle cape la recouvrait, capuche baissée sur son visage.

« Douce nuit nous avons-là… mais n’est-ce pas un lieu bien sombre pour une si pâlichonne demoiselle telle que vous ? » fit l’apparent vieillard d’une voix grave et résonnante en continuant sa besogne mais cette fois-ci devant la femme. Il aperçut une rapière sur sa cuisse du coin de l’œil, ce qui le fit sourire tout en travaillant.

Alors que Lillaka etait plongée dans ses pensées, des bruits de pas attirerent son attention. Elle ecouta attentivement, et constata que l'auteur de ses bruits marchait lentement. En se concentrant d'avantage elle constata qu'il etait occupé a autre chose qu'a se deplacer, peut etre etait-il en train de tailler un objet, car elle entendait des sons comparables a une arme tranchant quelque chose.
Lillaka garda les yeux fermes, ce qui lui permettait de mieux se concentrer sur son ouie, elle sentait l'individu se rapprocher d'elle.
Soudain, une voix grave s'eleva de devant elle : "Douce nuit nous avons-là… mais n’est-ce pas un lieu bien sombre pour une si pâlichonne demoiselle telle que vous ? " Elle ouvrit alors les yeux, et vit face a elle un homme, il etait tres grand, plutot imposant, son visage etait en partie masqué par une capuche, seul ses levres etaient visibles, et des meches de cheveux blancs, ou peut etre blond, Lillaka ne parvenait a le savoir precisement, sortaient de la capuche. La demi-succube se releva doucement, fit lentement redescendre le bas de sa robe qui avait laissé ses jambes decouvertes. Elle leva finalement son visage vers l'inconnu, puis s'adressa a lui en murmurant d'une voix melodieuse : "Un lieu bien sombre pour une si palichone demoiselle dites-vous, mais qu'y a-t-il de plus exaltant que le contraste?"

*Qu’y aurait-il de plus exaltant que le contraste ?* Le nécromant continua sa cueillette et pris son temps avant de répondre, laissant sa réflexion travailler au rythme de ses doigts. Cette sensible créature avait éveillé beaucoup de souvenirs en une phrase dans un cœur endurcit par les âges, le faisant revisiter les hautes cimes impitoyables des montagnes qui malgré tout surplombaient un lit douillettement laiteux tissé de nuages blancs, le faisant revivre les intenses frissons de plaisir chaud des feux de Beltane dans les bras d’un vent frais et revivifiant… Cette jeune femme était vivante, cela se voyait à sa gorge attirante malgré le teint pâle, son cœur battait puissamment. Elle était intelligente et bien élevée d’après son expression. Mais il existait bien une création de la nature qui restait très exaltante, fondement de la magie du monde.

Après un petit moment, il suspendit son poignard dans les airs devant une fine tige de Calladone et se décida enfin à dire : « Le paradoxe. » comme trouvant la réponse à une énigme.
Il coupa la tige qu’il tenait entre deux doigts, et une fois la fleur dans son sac de récolte, il décida d’en rester là. Il se redressa avec sa canne, jouant toujours les fardeaux de l’âge, et s’approcha lentement de la jeune dame. Comme pour s’expliquer, il lança dans les airs quelques mots murmurés sans effort : « Le paradoxe d’observer une belle fleur fragile dans un milieu si honteusement hostile me procure, à moi, bien plus de frissons que le contraste de ses couleurs… » s’approchant encore un peu de la jeune fille mais pas trop, s’arrêtant proche d’une pierre lisse sans en effleurer le bord, il finit par dire « …mais l’apparence et la nature des choses se mêlent si parfaitement parfois qu’il est impossible d’en détacher son regard. » Et tout en s’asseyant, il était aisé de deviner sous sa capuche, le regard du vieillard posé sur la demoiselle.

L'etrange personnage qui lui faisait face avait pris son temps avant de repondre, laissant ainsi le temps a Lillaka de l'observer plus longuement. Il ceuillait des fleurs epineuses d'un noir intense, se deplacait avec lenteur et precaution, a la maniere d'un vieillard. Pourtant, une force emmanait de lui, de facon quasiment imperceptible, comme s'il tenait a la cacher.

*Peut etre ses cheveux sont-ils blonds...Ainsi ce monsieur serait un fin comedien...*

Il se rapprocha de Lillaka, s'asseyant sur une pierre tout en lui parlant, « …mais l’apparence et la nature des choses se mêlent si parfaitement parfois qu’il est impossible d’en détacher son regard. »La demi-succube murmura "je suis bien de votre avis", avanca jusqu'a l'homme, repoussa legerement sa capuche, afin de laisser apparaitre son visage, puis en un bref sourire devoila ses dents aceres "avez vous un nom? ca m'ennuirait d'avoir a vous appeler vieillard..."

La demoiselle s’approcha, se dévoila, et de son si jolie visage on put apercevoir un sourire, aussi délicat qu’un rayon de lune. Yugan était intrigué par sa beauté, presque surnaturelle. Etait-il sous l’emprise d’un charme ou d’un maléfice ? Si ça avait été le cas, il l’aurait certainement sentit plus-tôt. Mais la nature possède encore ses mystères, et les femmes en sont un pour les hommes comme lui.

Il regarda les dents de la demoiselle, et il lui vint à l’esprit l’image d’un vampire se délectant du sang d’un vieillard. Cette jeune fille était troublante, il n’arrivait pas vraiment à savoir ce qu’elle était. Il lui semblait pourtant rater un détail important… « J’ai porté de nombreux noms, vieillard en est un parmi d’autres. Néanmoins vous pouvez m’appeler Arkoz, le cueilleur… ».

Rare étaient les nuits aussi agréables que celle-ci, et en ce monde, depuis qu’il y était, il n’avait pas rencontré grand monde. Certes il avait observé, fait connaissance avec la flore et la faune, battit sa propre cache dans l’écorce d’un vieil arbre, mais c’était la première fois qu’il faisait une si plaisante rencontre. La nécroser, la transformer et en faire un de ses jouets ne l’intéressait pas le moins du monde, sa beauté en serait fanée. Alors que faisait-il avec elle ? Perdait-il son temps en bavardages inutiles ? Non, loin de là ces pensées, il s’amusait à jouer avec la destinée comme elle se jouait de lui, il était intéressé par une curiosité de la nature, chose bien rare pour Yugan.

Alors il releva un peu son visage, basculant légèrement sa capuche sur son crâne, révélant ses yeux étranges, d’un bleu très pâle qui aurait viré à l’argent avec les âges, dans lesquels brillaient des milliers d’étoiles. En même temps qu’elle découvrit quelques traits plus jeune sur ce visage, les deux astres pénétrèrent le regard de la demoiselle…

…pendant une demi-seconde, elle perdit le contrôle de son corps. Un flash éphémère apparut à elle : Elle surplombait une grande chaîne de montagnes de laquelle elle aperçut une bataille sanglante et monumentale : les morts décharnés étaient plus nombreux que les vivants en armures d’acier qui malgré tout continuaient le combat perdu d’avance, puis, lentement, avant que les images ne se dissipent, un jeune prince aux traits familiers passa à coté d’elle, sans la remarquer... Yugan quand à lui était dans la cour d’un monastère, il faisait nuit noire et les seuls bruits qui brisaient ce silence étaient les gémissements d’un moine dos au sol, une sombre forme assise sur lui…

L’instant d’après, la cape du vieillard couvrait de nouveau son regard… « …et quel est le nom que porte cette fleur, bravant l’obscurité et la solitude en ces lieux …? » demandât-il alors sur un ton amusé. *L’habit ne fait pas le moine, et cette délicate et faible créature en apparence est peut-être bien plus dangereuse que je ne veut bien le croire… * pensait-alors le nécromancien avec un sourire, gardant bien une main prête à agir sous sa cape.

Alors que Lillaka repetait mentalement le nom de l'homme face a elle, elle fut comme projettée dans un autre temps, peut etre le passé, elle assistait a une etrange bataille, sans pour autant etre actrice de cette scene. Brusquement elle se retrouva a nouveau dans ces ruines odorantes, face a cet homme mysterieux.

*Voila un talent interessant*

A aucun moment elle ne laissa paraitre ses emotions, sa surprise, et repondit d'une voix detachée :"Enchantée Arkoz, je suis Lillaka. Peut etre pourriez vous me renseigner, y a-t-il une ville, ou un village dans les environs?" Elle posa sa main sur l'epaule de l'homme, et lui murmura "detendez vous, je ne vous ferais aucun mal" puis retira sa main, en exercant une legere pression avec ses ongles, s'eloigna de lui et contempla la flore environnante

La sombre demoiselle était intrigante pour le nécromancien. Lillaka, cela ressemblait au nom d’une fleur sur l’ancienne terre, une très belle fleur… L’élégance de sa démarche alors qu’elle s’éloignait de lui était exceptionnellement sensuelle. Cette réaction collait bien avec ce qu’elle avait dit quelques secondes plus-tôt… *Elle est épineuse, mais attire pourtant l’homme dans sa danse de séductrice…* pensa Yugan.

Les doigts de la dame s’étaient enfoncés dans le velours de sa cape avant d’atteindre les os de son épaulière, elle savait maintenant qu’il portait une armure, et peu à peu, le nécromant avait l’impression que sa mascarade partirait en poussière face à elle…

« Si vous cherchez à vous rendre en ville, je peut peut-être vous y conduire… »

Yugan se releva en saisissant sa canne, voyant la jeune fille observer la flore des environs : il avait lui aussi besoin de mouvement. Et puis, cette idée de l’accompagner lui plaisait, cela mettrai sûrement un peu de piment dans sa vie.

« …si vous le souhaitez, je serais honoré de vous accompagner. Je ne serais pas un fardeau pour vous, je vous le promet. » fit-il avec un sourire.

Lorsque l'homme proposa a la jeune femme de faire route avec elle, elle ne pu masquer sa surprise, et arreta de regarder la faune pour fixer Arkoz.

*M'accompagner! je n'ai besoin de personne! D'un autre coté, il a l'air interessant, et je meurs d'envie de decouvrir qui il est reellement,de toutes les facons, ca n'est pas pour longtemps, juste le temps d'aller dans une ville, et puis, il peut toujours etre utile*

Elle arreta soudain de le fixer, arrangea ses vetements, et s'adressa a lui avec un sourire malicieux :"Je vous attends Arkoz"